Dolce & Gabbana, marque créée
en 1985 par Domenico Dolce et Stefano Gabbana, se singularise dans le
monde de
la mode et du luxe par son univers si spécifique, composé de mélanges des
opposés, représentatifs de l’Italie dans toute sa complexité et sa richesse
culturelle.
Dolce & Gabbana est en effet
ancrée géographiquement dans la culture italienne, du fait de ses deux
créateurs, l’un venant du sud de l’Italie (Domenico Dolce) et l’autre du nord
(Stefano Gabbana). La marque se rattache au sport national, le football :
« 2006 Italia Dolce & Gabanna »,
en devenant le costumier officiel de l’équipe. Elle revendique son attachement sentimental à son pays : « A good, elegant and well-mannered Italy »,
« We like Italy, we like it as
smiling and lighthearted as the yourth of Dolce Vita – the Italy you are proud
to carry with you ».
Par ce double attachement à
l’Italie du Sud et l’Italie du nord, Dolce & Gabbana met en scène dans son
discours un état permanent de tension lié aux changements, aux mélanges et aux
décalages. Il s’agit plus précisément d’un état de passage constant, successif
et simultané entre les valeurs de la tradition et du modernisme. Le classicisme
et le traditionnel sont représentés par les visuels d’un appartement ancien,
d’hommes dominateurs et de femmes relativement soumises, faisant référence à
l’Italie du Sud, la Sicile, région natale d’un des deux créateurs :
Domenico Dolce. Quant à la décadence, elle est représentée par la Rome Antique
et l’avilissement sexuel de César, les scènes de sexualité décalée entre
plusieurs hommes et plusieurs femmes, la décoration ultra contemporaine et
moderne, faisant davantage référence, cette fois-ci, à l’Italie du nord, région
natale du second créateur de la marque : Stefano Gabbana. Ces transitions
et variations constantes sont également visibles dans les publicités de la
marque avec le mélange des couleurs douces et des couleurs vives, des objets
nouveaux et anciens, entraînant des effets de décalage incessants.
L’approche ostentatoire des
produits de la marque renforce cet état de tension. La marque est ancrée dans
le « Fashion show » depuis
sa création. L’apparence est mise en avant au travers des défilés mais aussi
des publicités où les mélanges des styles sont récurrents (mélange des
couleurs, des matières, des genres). Chaque campagne publicitaire représente un
style différent, toujours dans un esprit de provocation, de transition.
Dolce & Gabbana marque encore
le coup lorsque elle ouvre en 2009 un restaurant en Italie. Il s’agit là encore
d’un moyen pour faire parler, pour étonner et surprendre.
Dans la dernière campagne de
communication de la marque, ce mélange des opposés est particulièrement
flagrant. On y voit Monica Belluci, femme brune, habillée en noir, portant des
vêtements sobres, représentant la mère stricte et une jeune femme, sa fille,
habillée cette fois-ci de vêtements colorés à fleurs…
Si jouer la carte de la surprise
et de l’étonnement est largement valorisé en marketing, il est cependant
nécessaire de toujours faire attention à la cohérence de ses valeurs et de son
discours.
Trop de mélanges et d’innovations
à tout va ne peuvent-ils pas complexifier la compréhension de la marque et la
rendre confuse auprès des consommateurs ?
Jusqu’où les effets de rupture sont-ils
acceptables ?
2013 206
2009
2007